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Coupe des Alpes 2007 Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par Patrick Seitert   
28-12-2007
Index de l'article
Coupe des Alpes 2007
Sur la route d'Evian
1ère étape : Evian - La Clusaz
2ème Etape : La Clusaz - Evian les Bains
3ème étape : Evian Les Bains - Alpine d'Huez 
4ème étape : Alpe d'Huez
Epilogue

Patrick Seitert nous en a parlé bien souvent... Voila le récit complet et précis de sa participation à l'édition 2007 de la Coupe des Alpes avec sa Berlinette jaune vanille.

Prologue : 

Ma 'Coupe des Alpine 2007 en Berlinette' en hommage à Jean Rédélé 
Comment on entre en Alpinie pour y rester toute une vie- Où il apparaît que l’auteur est un hypocondriaque de la mécanique – rencontre avec un Alpiniste exceptionnel.

Quand j’écris ces lignes, Jean Rédélé nous a quitté et je ne savais pas en m’engageant cette année à la Coupe des Alpes que cette édition allait  entrer dans l’histoire très riche des Alpine, en devenant un millésime de référence avec la disparition de celui qui avait nommé ses voitures en souvenir de ses premières armes dans  cette épreuve légendaire. 

La première fois où j’ai entendu le mot Alpine c’était sur une plage du Midi en 1960 quand le grand frère d’un copain de vacances, rentrant de son service militaire en Algérie, faisait le cakou en disant qu’ il allait travailler chez Alpine, une marque encore très peu connue du public ; il s’agissait de Bernard Furiet qui allait participer au début de l’épopée Alpine sous le surnom du «Commodore» sans doute parce qu’il portait bien le blazer et la cravate club et  parce qu’à cette époque le sport auto était « so british ». 

La première fois où je suis monté dans une berlinette, c’était en 1964, grâce à un copain d’études dont la famille  quelque peu aisée lui avait offert une A110, alors que les autres fils de famille roulaient alors en TR3, AC et autres MG. Pour moi qui conduisait un cab 203 plafonnant à 130 kmh avec son vaillant 1300 de 40CV (sans doute  des simples SAE) et encore vent dans le dos, c’était un rêve de piloter une voiture si proche de celles qu’on voyait en course sur le circuit de Montlhéry et c’est justement à l’occasion d’un retour sur Paris de ce circuit mythique que l’ami m’a proposé de prendre le volant. Je pilotais  pour la première fois une berlinette avec un moteur 956cm3 et une boite Claude à 4 vitesses qui prenait 170km/h en ligne droite, performance fabuleuse et exceptionnelle à l’époque et j’ai su à ce moment là qu’il me faudrait définitivement une berlinette. 

La première fois que j’ai rencontré physiquement Jean Rédélé c’était à l’occasion de la sortie des nouvelles GTA et GT V6 Turbo lors d’une manifestation privée sur le circuit privé de Jacky Setton le PDG de Pioneer France. Etant au chômage j’avais l’idée d’une revue très spécialisée Alpine  et j’avais fait effectué une maquette que j’ai présentée au créateur de la marque qui m’a vivement encouragé de toute sa classe et sa distinction innée.Pour moi hélas un acte manqué car je n’ai pas donné suite, mais heureusement il y a eu la revue Mille Miles pour remplir ce vide et devenir l’honorable drogue de tout Alpinophile qui se respecte. 

La deuxième fois que j’ai rencontré le grand homme c’était dans une queue devant un cinéma des Champs-Élysées, toujours distingué et bel homme. J’ai voulu lui serrer la main en préparant une banal « heureux de partager avec vous les mêmes valeurs…pour l’Alpine et …Martin Scorcese (dont un film était à l’affiche) » mais ce fut encore un acte manqué car à ce moment la queue s’est mise en marche ! 

La troisième fois c’était au mois d’Août à l’Eglise Saint Pierre de Montmartre où nous étions de nombreux anonymes parmi les acteurs connus de l’épopée alpine  pour un dernier salut afin remercier le créateur de ces voitures de légende. 

Ma première berlinette a été acquise dans des conditions un peu limites faisant penser à une mauvaise série policière TV. On m’avait passé commande d’une série de textes et d’articles pour un ouvrage sur les régates à voile mais cela avait été fait par toute une série d’intermédiaires allant du copain à la relation et finalement une fois le travail fait je ne savais toujours pas trop le montant de mes honoraires.Finalement rendez vous est pris un vendredi soir et je me retrouve dans un bureau voisin du Pub Renault sur les Champs-Élysées devant l’éditeur ayant commandé le travail. Ce dernier est suisse, me dit que c’est trop compliqué pour lui de me régler par chèque et si je vois pas d’inconvénients l’opération va se faire en espèces (aujourd’hui on soupçonnerait une opération de blanchiment d’argent) et il ouvre une mallette pleine de liasse de billets de 500F et m’en tend quelques unes ; je balbutie, je remercie et je pars un peu affolé d’avoir une telle somme sur moi surtout un vendredi soir. Dehors je suis une pulsion et rentre dans le Pub Renault qui servait aussi d’exposition pour la gamme Renault. Je me rends au guichet Alpine (c’est l’heure de la fermeture) et je déclare au vendeur qui se préparait sans doute à partir en week-end : « bonsoir  je viens vous acheter une 1600S » Et c’est ainsi que je me suis retrouvé propriétaire de ma première A110 1600S couleur blanc gardénia de 1972 avec un faible kilométrage et un prix intéressant car véhicule de démo. 

Ma deuxième berlinette vous la connaissez tous c’est jaune vanille 3424 achetée en avril 1974 toujours au même vendeur ; il s’agissait de Le Boulenger qui a fait toute sa carrière chez Alpine et que j’ai retrouvé beaucoup plus tard au mythique Centre Alpine de la rue Thiers à Boulogne.Pourquoi cette couleur jaune originale, parce que c’était la seule berlinette dispo immédiatement et que venant de vendre la 1600S blanche tel un drogué il me fallait immédiatement ma dose. Et donc ce jaune peu banal commande spéciale d’un client qui après un week-end avec madame avait rendu la voiture pour manque de coffre à bagages  pour une Renault 17. Et cela fait 33 ans que cela dure avec jaune vanille 3424. 

Il y a quelques années, j’étais encore concessionnaire BMW Moto et ma berlinette étant garée devant le garage je dépanne à la volée une superbe rousse dont la moto avait quelques ratés (pas grand chose juste un câble débranché) et après m’avoir remercié elle découvre la berlinette jaune vanille 3424 ; il s’agissait d’Aude la fille de Le Boulenger ; ce dernier se souvenait très bien de cette couleur spéciale et lors d’une rencontre peu après me disait que je devais être l’un de ses rares clients à avoir conservé en l’état son A110 et en plus dans cette couleur. 

Je réalise enfin sur le tard que je dois être un hypocondriaque de la mécanique, attentif au petit bruit parasite annonciateur d’une casse mécanico-tellurienne, guettant la petit suintement sournois présageant une inondation cataclysmique, inquiet du petit couinement baladeur et non identifiable mais précurseur d’une catastrophe cauchemardesque, imaginant le court-circuit caché déclenchant un brasier irrémédiable, bref je me donne toutes les raisons de rester chez moi sagement assis au coin du feu, berlinette stockée au chaud batterie débranchée. 

Hypocondriaque certes mais je m’efforce d’appliquer  la prudentissime théorie : « ceinture plus bretelles »….et je me soigne.Mais avez vous essayé d’imaginer dans votre petite tête quand le moteur rugit vers 6000 tours le nombre de pièces qui  sont en action et ce que peut entraîner la défaillance de l’un d’elle, le maillon faible bien sûr ? Non  il ne vaut mieux pas ! 

L’année dernière pour ma première Coupe des Alpes correspondant à ma première année de retraité et donc de temps disponible j’avais fait une révision lourde en remplaçant de nombreuses pièces d’usure et en particulier le circuit de refroidissement ensemble complexe et tourmenté de tubes (au départ des tubes en alu que l’usine ne fabrique plus et remplacés donc par des tubes en cuivre fournis par mon plombier) et durites s’entortillant autour du châssis et de la suspension arrière pour permettre au liquide de refroidissement de circuler allègrement d’avant en arrière et réciproquement. Et pourtant on se souvient des problèmes de chauffe et de surpression qui avaient un peu gâché notre balade à Alain et moi. Seul le radiateur alu n’avait pas été remplacé et comme il avait rendu l’âme suite à mon expédition hivernale pour aller admirer et encourager les participants du Monte-Carlo Historic j’en avais monté un tout neuf en cuivre. Et c’est un Farnaute qui dans un post m’a donné l’explication en indiquant la réaction chimique entre le liquide, l’alu et le cuivre créant un gaz, qui augmente la pression, qui augmente la température et ainsi de suite jusqu’au moment où tout fout le camp par le vase d’expansion qui n’en peut plus. (cf. note 1)

Donc pour cette année je n’avais pas grand-chose pour la préparation sinon une révision légère classique, bref quelques heures de boulot sympathiques et toujours instructives. Mais voilà, toujours « ceinture et bretelles » je découvre sur un post du Forum l’histoire d’un mec qui ne peut plus faire son plein d’essence par suite de la rupture du câble de commande du capot avant…et que surtout cet incident n’est pas isolé. Je démonte donc mon dispositif d’ouverture, constate que ce câble de 33 ans d’age est comme neuf et je replace le tout après avoir bien graissé. Mais les copains Farnautes m’ont tellement gonflé avec cette chronique de la panne annoncée que j’ai finalement installé un câble de réserve. (cf. note 2).

J’en profite pour passer au contrôle technique et là refus pour une cause justifiée d’ailleurs : usure de la durite de frein avant gauche. Cela me décide enfin à monter des durites avia, mais avec un petit délai de livraison du fournisseur, je commence à être limite, surtout que je n’ai plus de pont à ma disposition. Par chance je retrouve Pascal, l’un de mes anciens mécano qui travaille désormais dans l’agence voisine de chez moi d’un gros spécialiste de pneus et son patron Olivier immédiatement en admiration devant jaune vanille  nous octroie un pont pour l’opération. 

Comme toujours ce qui devait être simple se complique avec l’oxydation en particulier des épingles qui maintiennent les durites rigides au châssis mais tout se fait à force de dégripoil, cris et rugissements. Comme toujours avec une berlinette la purge des freins est un grand moment quelque soit la technique utilisée, aspiration, gravitation ou pompage. Sur la 1600SC il y a 2 bocaux, un petit pour les freins avant et un gros avec une paroi de séparation pour les freins arrières et l’embrayage et pendant que je suis sur les purgeurs, le Pascal me vide et nettoie complètement les bocaux y compris la partie embrayage mais sans me le dire et ceci aura une conséquence beaucoup plus tard.(voir plus loin la panne dans le col de Vars). (cf. note 3).Enfin la berlinette est fin prête et je regrette dans mon souci de rester en origine de ne pas avoir plus tôt passé aux flexibles aviation car le freinage est vraiment amélioré et surtout je m’apercevrai plus tard beaucoup plus résistant en montagne. 

Si le départ est donné à Evian mon périple sera cette année assez zigzagométrique, devant me rendre d’abord à Cannes pour le mariage de l’ami Alain l’équipier de l’année dernière et donc défaillant à son corps défendant pour cette année, passer à Hyères découvrir l’exceptionnelle 1300VC d’un Farnaute rencontré sur le Forum, remonter dans les Cévennes  pour récupérer l’ami Daniel, le fidèle copain de mes années Voile, filer à Annemasse pour visiter un autre Farnaute avec berlinette qui va avec et enfin Evian et cela me convient car mon leitmotiv est que lorsqu’on a la chance d’avoir une légende à roulettes il faut rouler avec. 

Je pars donc relativement tranquille mais en ayant en tête cette remarque d’un héros de mon adolescence, Pierre Clostermann (cf. note 4) : « c’est l’avion que vous ne voyez pas qui vous abat » ce qui veut dire que s’il doit y avoir panne cela sera justement où et quand je m’y attendrai  le moins. Et au premier péage à St Arnoult à l’accélération je ressens une sensation étrange, le verre et le cerclage du compte-tours me tombent sur les genoux, l’aiguille fonctionnant toujours ; ma première réflexion est que décidément une A110 n’est pas faite pour faire de l’autoroute. Puis une rapide analyse, le moteur ronronne, le compte-tours remplit sa fonction  alors aucune raison de ne pas continuer, on verra plus tard…c'est-à-dire à la première station d’autoroute je ne peux m’empêcher de stationner pour démonter l’instrument. Quand je vois le mal pour remettre le cerclage, je me demande comment le verre a pu sauter. Et au remontage la catastrophe celle qu’on pressent, l’erreur qu’on fait en sachant qu’on est en train de la faire, un moment d’égarement et une inversion fatale entre fil + et fil de masse. Damned ! J’ai dû griller le petit circuit ! Et le reste du voyage vers Avignon est quelque peu gâché avec cette aiguille pendante et inerte, la seule distraction notable étant un orage copieux et montagnard dans le Massif Central avec la vision décalée et jubilatoire d’un cab Jaguar décapoté avec équipage british hilare sous les trombes, et des infiltrations sournoises et nouvelles aux aplombs de mon pare-brise, infiltrations que mes stoïques anglais dans leur voiture toute ouverte ne pouvaient en aucun cas connaître !  

J’arrive dans la soirée en Avignon chez l’ami Georges, toujours prêt à faire l’assistance (voir le récit Coupe des Alpes 2006) et après le dîner, une fois madame couchée, nous parlons de notre vie et à un moment je lui demande s’il a un fer à souder car bien sûr mon idée est de démonter le compte-tours pour vérifier si le fil d’alimentation  n’a pas grillé. Et nous voilà au milieu de la nuit sur la table de la cuisine à désosser le vénérable  Veglia en essayant de ne perdre aucune des petites pièces style horlogerie qui adorent s’éjecter pour aller se planquer au fin fond de la pièce. Si le travail est minutieux et épuisant pour les nerfs, il se révèle décevant car nous ne trouvons rien d’anormal aucun fil fondu aucune trace de brûlé ! Et la conclusion pleine de bon sens de mon copain : « si tout est en ordre c’est que ton compte-tours il marche té ! »Il n’est pas question au milieu de la nuit de remonter l’instrument et de faire rugir le moteur pour le tester. Mais la nuit sera courte, car si Georges est matinal je suis moi-même pressé de faire le test d’autant que la veille quelques coups de téléphone auprès des spécialistes m’ont fait comprendre que cette pièce ne se trouve pas facilement, sans parler du prix. Après le café vitement avalé séance de remontage en respectant les fils, contact, démarreur, le moteur part à la première sollicitation….et l’aiguille pendouillante est saisie dans l’instant  d’une réjouissante érection !!! Ho ! Joie. Ho ! Bonheur intense ! Qu’il est donc plein de bon sens mon bon Georges et je peux le quitter pour la suite de mon périple préparatoire. 

Je fais donc un saut à Cannes pour assister au mariage de l’ami Alain qui de ce fait ne peut effectivement me gérer le road book et je suis satisfait vu les fortes chaleurs qui règnent à cette époque de l’année dans le Midi de voir les aiguilles des 2 thermo eau et huile rester dans la bonne position. Mais sans doute à cause de la  canicule, je souffre soudain d’une rage de dents provoquée par un kyste (normalement une petite opération était prévue à mon retour à Paris) et je raccourcis ma participation à la noce pour aller voir un dentiste afin qu’il me préconise des produits calmants car il n’est pas question de louper la Coupe. Au téléphone mon co-équipier m’a rassuré en me disant que son dentiste pourrait éventuellement intervenir dés mon arrivée dans les Cévennes. 

Mais sur le trajet Cannes-Alés j’avais prévu de rencontrer un Farnaute suite à la lecture de son dossier de restauration de sa 1300VC, les photos montrant une réussite de réalisation assez remarquable pour un amateur. Rendez vous et guidage routier par la grâce du portable  et à la sortie de l’autoroute sur un petit pont la rencontre historique et espérée a lieu, une berlinette bleue entraînant à sa suite une berlinette jaune pour arriver chez l’ami Daniel (attention il y a dans ce récit deux Daniel, celui de la 1300VC et le co-équipier) où je vais passer une journée exceptionnelle : 

  1. parce que je n’ai plus mal aux dents, 
  2. parce que l’accueil de Daniel et de sa femme Brigitte est cordial, chaleureux, et sympathique, 
  3. parce que la vue des 2 berlinettes cote à cote pendant que nous sommes à table à l’ombre des arbres avec une douce brise et un rosé bien frais crée une ambiance euphorique et propice à faire croire que le bonheur est là sous nos yeux. 

Si les gens heureux n’ont pas d’histoires, les Alpinistes sont des gens heureux qui ont des histoires et l’après-midi va passer trop vite, juste le temps d’examiner la remarquable et exceptionnelle restauration de la 1300VC de Daniel et de peaufiner le calage de l’avance jaune vanille 3424 grâce à un appareil d’époque déniché et restauré par mon nouvel ami. 

Je pars à regret en fin d’après-midi, la dernière image dans mon rétro avant de tourner à gauche étant cette sublime berlinette bleue et ses sympathiques et chaleureux propriétaires.


Devant le garage de Daniel R. une vision fort sympathique de deux berlinettes.


 
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