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Andruet : Pilote de l'impossible Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par Echappement   
03-11-2005

De tous les pilotes, Jean-Claude Andruet est un des plus fascinants. Des surdoués comme Jean Pierre Nicolas, ça court pas les rues. Probablement Bernard Darniche ou Jean Luc Thérier en sont-ils aussi. Tous des pilotes capables de faire toutes les acrobaties imaginables, presque sans effort.

A ces débuts, Jean-Claude Andruet pensait qu'un pilote digne de ce nom devait être capable de réaliser l'impossible. Il n'y avait pas de limite : il devait aller toujours plus vite. Un courage sans borne, allié à une extraordinaire volonté amenait Jean-Claude à reculer sans cesse les limites du possible. Au Rallye Neige et Glace 1969 où il pilotait une Berlinette Alpine officielle, il fut époustouflant. Survolté, il franchit la bosse d'un col enneigé à une telle allure que l'Alpine décolla et retomba à plus de 160 km/h dans la descente. Son coéquipier Jean Todt, qui a pourtant navigué les plus grands rallymen du monde et pu observer toutes les facettes du talent, se souvient de cet épisode avec émotion :

En principe, dit-il, j'ai toujours compris ce que faisaient mes pilotes. Lorsque dans un virage, je ne comprenais plus, eh bien c'est que dans la seconde qui suivait on était dans le décor. Dans ce rallye Neige et Glace avec Andruet, le col formait une bosse en courbe droite, et nous l'avons franchie à une allure rigoureusement incompréhensible : je n'avais jamais vu cela auparavant, et je n'ai jamais revu cela depuis. C'était quasiment miraculeux, mais le pire, c'est que c'était ainsi dans presque tous les virages. Pour la première fois de ma vie, j'avais peur. Une peur qui ne me quittait plus. Aux contrôle horaire, les autres pilotes, sidérés par les chronos ahurissants que nous faisions, venaient nous voir pour essayer de calmer Jean-Claude. Mais celui-ce était dans un tel état de grâce ou de surexcitation que rien ne pouvait l'arrêter. Nous sommes sortis de la route à six reprises durant la nuit. A chaque fois sans mal, grâce aux murs de neige. Les spectateurs nous aidaient à remettre la Berlinette sur la route et Jean-Claude voulait absolument regagner le temps perdu, alors il repartait de plus belle, en attaquant encore plus fort. Ca tournait à la folie. Nous avons fini par nous retrouver en équilibre au bord d'un précipice. Un équilibre si précaire que si nous avions respiré un peu trop fort, l'Alpine aurait certainement versé au fond du trou...

A cette époque, Jean-Claude menait une vie de fou. Il continuait, en dehors de la course, à exercer son métier de représentant et ne prenait guère le temps pour reconnaître, encore moins pour dormir. Il n'avait qu'une règle : attaquer comme un possédé, reculer les limites du possible. Deux ans après ses débuts, les autres pilotes chez Alpine le considéraient déjà comme le plus rapide d'entre eux. Mais, fatigué par la vie qu'il menait, il sortait souvent de la route :

C'était même le recordman toutes catégories des sorties de route, raconte Jacques Cheinisse, qui dirigeait la compétition chez Alpine. Ca nous coûtait un certain nombre de Berlinette chaque année, mais Jean-Claude avait un tel panache, et le public l'admirait tellement que ça valait tout de même la dépense. Il pilotait en rallye comme en circuit : à la limite partout, avec des trajectoires très tendues et très peu de dérive. Il refusait de prendre la moindre marge de sécurité, il était toujours au maximum.

Andruet était d'ailleurs très rapide en circuit, surtout lorsqu'il pleuvait, et ses exploits à Spa ou au Mans, circuits pour gros cœurs, l'auraient peut-être mené à la Formule 1 s'il avait suivi cette voie-là.

(Courir - Hors-série Echappement)

 
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