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Conçus résolument, délibérément pour la compétition ou la
clientèle amoureuse de conduite sportive au niveau du fanatisme, sans
aucun souci de confort et d'aménagement pour petit bourgeois, l' Alpine
A110 1600S tient, dans cet esprit, plus que des promesses. Véritable petite
bombe, sa tenue de route, son punch procurent un agrément au volant qui
sort vraiment des sentiers les plus enchanteurs et donnent, à chaque kilomètre
, une âme et un sens sur lesquels règne fréquemment le ravissement. (L'Automobile,
1970)
On en beaucoup parlé et on en parle encore beaucoup, la discussion revient
toujours à elle dans le grand club des initiés, c'est le chou-chou. On
pense à elle en riant de satisfaction, et de près, on la flatte, on la
côtoie avecr respect. Certains même la craignent car c'est un petit monstre.
Des reproches, on peut lui en faire. Pas sur le plan du châssis poutre
en tout cas, ni sur celui de la suspension à 4 roues indépendantes, et
encore moins sur celui du moteur, toujours dérivé du R16 TS, dont la cylindre
a été protée à 1605cc,et qui, alimenté par deux Weber double-corps de
45, développe 125cv DIN à 6000 trs/mn, qu'une boîte à 5 rapports synchronisés
exploite convenablement. Non , les mauvais côtés, il faut les chercher
dans une conception de carrosserie qui date, mais fait toujours de l'effet,
et qui provoque un habitacle étroit, à la visibilité limitée, n'épargnant
rien dans le genre concert de culbuterie, de transmission, d'aspiration
de carburateurs, le tout baigné dans les effluves d'essence, par-ici par-là
pimentées d'une pincée de gaz d'échappement...
Mais qu'importe cela lorsque , assis au poste de pilotage, ou plutôt installé
la tête en bas, les pieds en haut, vous prenez en mains le petit volant,
et qu'après un coup d'il au tableau de bord clair et complet, vous
vous lancez sur la route. Bien sûr, on s'aperçoit vite que ce n'est pas
une voiture de grand-tourisme : il y a peu de place derrière les
deux sièges pour les bagages : l'autostabilité fait défaut sur l'autoroute,
par vent latéral. Non, ce qu'il lui faut, c'est la petite route.,
l'itinéraire de délestage si vous voulez, qui nécessite un peu de navigation.
Là, c'est l'efficacité avec un grand E. Vous pilotez un engin de
course ultra-sensible, où l'on respire la sécurité, même à haute vitesse.
Vous la sentez au bout de vos bras et au bout de vos pieds. Vous ne conduisez
pas une voiture : vous vous déplacez avec un engin qui est le prolongement
de vous même. Vous mettez le nez où vous le désirez : les roues arrière
feront le reste avec la plus extrême des précisions...
Un plaisir de tous les instants, une voiture-jouet qui n'a pas d'équivalent
en terme d'automobile. Et si vous la trouvez de petite taille, de trop
petite taille même, pensez tout de même qu'avec 210 km/h de pointe, vous
appartiendrez à une caste relativement fermée, celle des plus de 200km/h.
(Sport Auto - octobre 1972)
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