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La 4CV 1063 et la Dauphine 1093, versions sportives extrapolées
des modèles de base bien connus de la gamme, s'illustrèrent fréquemment
en compétition, remportant même quelques flatteuses victoires. Avec la
R8, Renault respecta la tradition et confia au Magicien Gordini le soin
de tirer la quintessence du moteur de série.
Les visiteurs du Salon de Paris 1964 eurent la primeur de ce véhicule
qualifié, a priori, de sportif, mais dont la carrosserie identique à celle
de la R8 ordinaire, a d'infimes détails près, évoquait plutôt la bonne
bourgeoise paisible que le bolide rageur.
Pourtant,
en y regardant de plus près, le sigle Gordini apposé à l'arrière, le diamètre
inusité des projecteurs et surtout cette robe criard (appelé bleu de France),
affublée sut toue sa longueur de deux bandes blanches, saugrenues sur
un tel véhicule, enlevaient à la voiture tout son caractère anonyme. Les caractéristiques,
par contre, sortaient totalement de l'ordinaire, puisque la Régie revendiquait
une puissance de 95cv SAE à 6500 trs/mn pour une cylindrée de 1108cc,
et des performances largement au dessus de la moyenne :165 km/h en vitesse
maxi et 35" au km départ arrêté. Mais le principal mérite de cette
berline résidait avant tout dans son prix très abordable étant donné son
caractère : moins de 12000 francs.
Le mois suivant, en novembre la Régie fit faire à sa dernière née son
baptême du feu au Tour de Corse. Ce fut un triomphe : 4 Gordini dans le
cinq premières au classement général, l'équipage Vinatier-Masson, vainqueur,
triomphant dans des conditions atmosphériques épouvantables. Il est à
noter que Renault n'avait pas hésité à engager ses Gordini malgré l' handicap
de la catégorie sport.
Le 1er janvier 1965, la R8 Gordini fut homologuée en tourisme et autorisée
à recevoir certaines modifications : en particulier l'adoption d'une boîte
cinq vitesses, ce qui lui faisait défaut jusqu'alors et ne permettait
pas d'exploiter au mieux la puissance disponible, et une calandre munie
de quatre phares dont deux longues portée à iode.
Cette année-là vit la création d'une série d'épreuves organisées par
la Régie Renault, Dunlop et notre confrère Moteurs, appelée coupe nationale
R8 Gordini et destinée à révéler des espoirs français de la compétition.
La marge de tolérance admise en matière de modification étant très faible,
les concurrents se retrouvèrent tous à égalité et seules les qualités
de pilotage départagèrent les participants. Les triomphateurs de cette
première année furent Mieusset, vainqueur de la finale et Dayan qui reporta
le premier pas Dunlop qui récompense l'ensemble des performances accomplies
pendant la saison. La première édition de la coupe Gordini comprenait
un certain nombre d'épreuves en circuit et de courses de côtes et permit
à de nombreux jeunes pilotes de se faire connaître : Andruet, Jabouille,
etc. La formule fut reconduite l'année suivante, mais les courses de côte
furent supprimées et seules comptèrent les courses en circuit. 1966 vit
la Gordini s'illustrer en circuit et l'équipage Bianchi-Viantier offrit
à la Régie une très belle victoire en catégorie 850 à 1150cc aux 24 Heures
de Spa à la moyenne de 145,418 km/h.
En juin 1966, une nouvelle version de la Gordini fut présentée. Elle se différenciait extérieurement du modèle précédent par une
calandre 4 phares, des jantes plus larges montée en série et des ouïes
d'aération situées devant les freins. Le moteur de 1108cc passait à1255cc
et recevait une boîte 5 vitesses. L'alimentation était confiée à 2 carburateurs
Weber double corps alors que le modèle précédent était équipé de
2 double corps horizontaux Solex. Les performances s'en trouvèrent nettement
améliorées puisque la vitesse maxi s'établissait à 175 km/h et que le kilomètre
départ arrêté était parcouru en 33".
Autre modifications : un alternateur remplaçait la dynamo, un deuxième
réservoir d'essence d'une capacité d'environ 26 litres était monté dans
le coffre avant.
Contrairement à la 1100, Renault prévoyait de construire la Gordini 1300
à une cadence accélérée permettant atteindre rapidement 1000 exemplaires.
Les livraisons du nouveau modèle ne débutèrent qu'après le Salon et furent
immédiatement appuyées par une victoire au Tour de Corse de Piot et Jacob
sur un prototype de 1440cc.
Le 1° janvier 1967, la Gordini
1300 fut homologuée en groupe 2. Cette année-là. Piot démontra l'éclectisme
du nouveau modèle et disputa associé à notre confrère Johnny Rives, le
rallye de Suède : son excellente 13° place ne correspond d'ailleurs pas
au classement qu'il aurait pu logiquement espérer, des ennuis de boîte
le privant d'une place d'honneur.
Associé à Roure il reporta les Rallye des Fleurs et, avec Bernaud, le
Rallye Magyar. La Gordini 1300 se signala de nouveau sur les circuits
et Riquier-Ottavi remportèrent aux 24 Heures de Spa la victorie en catégorie
1100 et 1300.
La nouvelle édition de la coupe Gordini vit un nombre accru de participants
se livrer une lutte acharnée sur les circuits et la finale fut enlevée
par Lacareau alors que le premier pas Dunlop revenait à Ethuin.
(l'Automobile - avril 1968)
1970 vu la dernière édition de la Coupe. Le 18 juillet, au Circuit du
Castellet,fut présentée la Renault 12 Gordini, traction avant devant remplacer
la 8 Gord'.La dernière R8 Gordini fut construite en juin 1970.
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